Un apprentissage diversifié …
La première partie de sa vie est consacrée à un entraînement rigoureux à différents arts martiaux.
Deux maîtres joueront un rôle important dans sa jeunesse, quant à sa recherche ultérieure de la voie.
Le premier est Masakatsu Nakai, maître de l’école de sabre Goto-ha Yagyu Ryu, le second est Sokaku Takeda, maître de l’école Daito Ryu, où l’on travaille essentiellement des techniques à mains nues mais aussi le sabre. Ces deux maîtres décerneront d’ailleurs chacun un certificat de maîtrise (menkyo) à leur brillant élève.
Par ailleurs, il étudie également la lance et le jujutsu.
Cet entraînement diversifié mais néanmoins d’une grande rigueur, visant à la perfection de l’âme et de l’esprit, constitue le socle de sa démarche et réflexion futures sur ce qui deviendra, plus tard l’aïkido.
… qui conduit à la construction de sa propre voie
La première étape de sa recherche est l’établissement d’un dojo de bujutsu en 1920, à Ayabe. Rapidement, il rompt avec les formes des anciens bujutsu de Daito Ryu et Yagyu Ryu, pour développer ce qu’il nommera, tout d’abord, aïki bujutsu. Par exemple, il abandonne la garde shikaku (carrée), du Daito Ryu, pour lui préférer, dans les techniques à mains nues, celle sankaku (triangulaire), utilisée dans les techniques d’armes.
En 1925, il a la vision de ce qui deviendra, plus tard, l’aïkido. Cette expérience est primordiale dans son existence et il n’aura de cesse, alors, de réaliser cette idée.
C’est à compter de ce jour que le terme aïki budo s’impose à lui, à la place d’aïki bujutsu : ce qui n’était jusqu’alors que technique martiale de l’aïki devient voie martiale de l’aïki.
Et c’est cette unique voie qu’il va rechercher, construire et développer le restant de sa vie.
Aïkido pendant la guerre : Morihei Ueshiba se retire à Iwama
En 1942, période sombre de l’histoire de l’humanité, Morihei Ueshiba se retire à Iwama, préfecture d’Ibaragi pour y vivre en parfaite cohérence avec ce en quoi il a toujours cru : l’intime relation entre budo et agriculture. Pour lui en effet, « ces deux activités fortifiaient l’homme et lui permettaient une vie simple et de hautes pensées » (extrait du livre Budo).
Cette même année, il entreprend à Iwama, près de la montagne sacrée, la construction du cercle sacré de l’aïkido, nommé « ubuya » (lieu de naissance), comprenant l’autel de l’aïki et un dojo extérieur, achevé en 1945 (Dojo Ibaragi).
Morihei Ueshiba s’est donc donné les moyens de vivre pleinement sa recherche de la voie. Il consacrera alors tout son temps, jusqu’à la fin de sa vie, à élaborer et développer l’aïkido, art qui personnifie véritablement son inspiration.
Ce rapide survol de la vie martiale d’O Sensei nous conduit à vérifier, une fois encore, que nul ne saurait être compétent en toutes choses.
Certes, pour chercher sa voie, Morihei Ueshiba a-t-il étudié divers budo. Néanmoins, une fois celle-ci trouvée, il s’y consacre totalement et lui dédie toute son énergie et toute sa vie.
Des maîtres tels que Kano, fondateur du judo et Funakochi, fondateur du karaté, se sont, eux aussi, exclusivement consacrés à leur art.
Ils sont des exemples pour chacun de nous.