Le système kyu et dan est parfaitement adapté aux "sports martiaux"
Il a même été conçu pour cela. Car dans le sport il s’agit de comparer les performances et de mesurer celle-ci.
Il fut mis au point vers la fin du 19ème siècle par le maître Jigoro Kano, fondateur du Judo Kodokan. À ses début, ce système ne possédait que
- 3ème Kyu
- 5ème Dan
- Ceinture de couleur blanche pour les Kyu et noire pour les Dan
Jigoro Kano était curieux de tout ce qui était occidental, sport, culture ; il ouvrit le premier club de base-ball au Japon en 1878, et s’intéressa aussi à la gymnastique, à l’aviron.
C’est pourquoi son système de grade, basé sur des critères occidentaux (armées, universités) fit succès.
Jigoro Kano n'a jamais été considéré comme sérieux par les maîtres d’arts martiaux car sa pratique se limitait à trois ans d’études du JuJitsu. C’est Shiro Saigo issu du système traditionnel qui pallia à ses carences. C’est aussi pourquoi il inventera un autre système de grade que le système traditionnel. Il est en effet incohérent qu’un haut gradé dan soit titulaire de menkyo. D’une certaine manière le judo doit son succès à un pratiquant d’art traditionnel : Shiro Saigo titulaire de nombreux menkyo [preuve qu’il n’était pas très respectueux lui-même des maîtres et pas très digne de confiance pour aider quelqu’un comme Kano]. Car un élève issu et formé par le système traditionnel qui préfère utiliser ses connaissances pour faire du business sportif n’est pas fiable, un mercenaire en quelque sorte. Celui-ci remplaça donc J Kano lors des "dojo yaburi" (casser le Dojo), sans Shiro Saigo le judo n’aurait sans doute pas existé, J Kano avec trois ans d’études n’était certainement pas à la hauteur.
Merci Shiro Saigo. Sans doute l’expression de l’honneur des samouraïs, prêt à se vendre pour le plus offrant.
Le système des dan et des ceintures noires a tendance, comme on peut le constater de partout, à développer surtout l’ego.
La tête enfle tellement chez certains qu’ils en sont ridicules.
Donnez le choix de la couleur de la ceinture à un débutant, il prendra la noire même si elle ne se voit pas sous le hakama.
Qui n’a pas vu une ceinture noire attacher keikogi et hakama, le tout porté sur l’épaule afin de bien montrer sa ceinture
au lieu de mettre ses affaires dans son sac ? Une manière de dire : regardez ! Je suis ceinture noire.
Le grand succès rencontré en occident par le système kyu/dan ou kyu-da-ho est justement basé sur l’utilisation même des systèmes militaires et universitaires occidentaux. En se démarquant des écoles de jiu-jitsu qui utilisaient le système Menkyo (certificat de filiation) utilisé depuis le XVème, XVIème siècle, J. Kano, à partir d’une synthèse de diverses écoles de jiu-jitsu, qu’il jugeait vieillissantes et obsolètes, fonda un sport moderne ; c’était aussi l’époque de Coubertin.
Dans notre génération de frustrés, c’est une aubaine pour une administration et un bon moyen de tenir les gens par les testicules.
C’est ce qui permet aux fédérations sportives de contrôler tous les clubs, (une fédération sportive regroupe des clubs, pas des dojos qui fonctionnent tout à fait différemment).
Une commission fédérale de grade dan n’a aucun point de comparaison avec un menkyo donné par un Maître ou un sensei, on ne parle pas de la même chose.
Le « Collège des Ceintures Noires du Judo » fut seul a délivrer les grades jusqu'en 1959, date à laquelle la FFJDA la fédération de judo lui retirera ce droit.
De la même manière, pendant vingt ans (toute la période « association culturelle »,
pour ne pas être confondu pas avec les associations sportives), les élèves du fondateur, Tadashi Abbe, Nakazono, Tamura sensei,
donnaient grades et diplômes, parfois assistés de leurs uchi deshi afin qu’ils apprennent cette partie de l’enseignement et dans le cadre de leur formation.
Le jour où ils se retrouvèrent au sein de l’UNA (fédération sportive), de la même manière que pour le judo,
ce sont des Français et une administration, un comité fédéral qui prit le relais et qui distribua les grades.
L’administration avait remplacé les sensei. C’est ce qui arrive quand on fonctionne dans un système sportif, c’est l’administration qui dirige.
Dans les années quatre-vingt, une fronde du judo dans la région lyonnaise fit venir les instances parisiennes.
La première question a été : « qui a besoin d’un sixième dan ?». La distribution effectuée la région fût pacifiée.
Pratique pour une administration, car le pouvoir n’est pas là, il est dans les postes administratifs fédéraux. Il faut vraiment être naïf et ignorant pour croire que c’est un outil qui mesure la valeur du pratiquant martial.
Mais personne n’est plus aveugle que celui qui veut glorifier son ego.
Le grade dan est donc un merveilleux outil pour glorifier un ego assoiffé de reconnaissance.
Le pratiquant devient à ce moment-là une nuisance pour sa discipline et pour lui-même. Le développement
personnel n’est jamais soumis à l’ego. Dans d’autres domaines, l’ego est à l’origine de tricheries diverses et parfois,
même les champions en puissance en meurent.
Le système honorable des menkyo n’a pas ce problème, car un menkyo c’est avant toute une responsabilité,
des devoirs, un travail à accomplir…
Dans un sport il faut pouvoir mesurer la performance. Dans les écoles de jiu-jitsu art de guerre la mesure n'a pas de sens...
Sur les champs de bataille, le combattant remplissait son devoir de guerrier.
S’il était vainqueur il était vivant, sinon il était mort ou blessé grièvement.
C’est d’ailleurs ce que l’on retrouve en aïkido où l’on dit : « une technique réussie c’est la vie. Ratée c’est la mort… ».
Ce qui démontre encore que le système Kyu dan n’est pas adapté pour la pratique de l’aïkido.
En clair, ceux qui étaient compétents survivaient, les autres mourraient. Les choix étaient vite faits. Un système de grade basé sur les valeurs combatives n’avait donc aucun sens et était complètement inutile.
Comme dans toute pratique martiale militaire même de nos jours.
Chaque école martiale avait donc besoin d’un système pour savoir qui fait quoi, qui est autorisé à faire
quoi et quelles sont les limites de compétence de chacun : le système menkyo.
Par exemple menkyo Kaiden était la permission d’engager le maître et le dojo dans certaines actions.
Donc ce n’est pas un système de valeurs combatives mais de responsabilités au sein d’un système, de
place et de champ de compétence accordés par le maître du dojo , de l’école. À l’image d’une entreprise
de nos jours ou un directeur commercial peut engager l’entreprise jusqu’à un certain point dans certaines
actions commerciales, certaines prérogatives étant du domaine du patron. On est donc très loin du système Kyu / dan
à visée sportive pour l’évaluation d’une performance, comme dans tous les sports.
Comme il n’était plus question de vie et de mort et qu’il s’agissait d’un sport il fallait bien un système
de mesure et d’évaluation pour savoir qui sera le champion.
L’apparition des catégories de poids et de femmes dans la pratique eurent lieu beaucoup plus tard environ un demi-siècle après ce qui amena des évaluations par catégorie et par sous-système. Chez les femmes dans les moins de 70 kg, chez les hommes dans les moins de 90 kg etc. Il ne s’agit plus de la valeur combative intrinsèque, mais du classement dans une catégorie sportive.
Mukyu / Mudansha : « mu » signifiant vide ou absence, cela concerne donc ceux qui n’ont aucun Kyu lorsqu’on débute le premier cours, et ceux qui ne sont pas gradés dan. Plus tard arriveront les ceintures de couleur, inventées par Gunji Koizumi vers la fin des années 20 à Londres, perfectionnées par Kawaishi Mikinosuke, jaune, orange, vert, bleu, marron, noire pour les Français. Dansha ou yudansha : désigne les titulaires d’un grade dan. Le Japon adoptera, quant à lui, la ceinture blanche jusqu’au 4ème Kyu et la ceinture marron à partir du 3ème Kyu jusqu’au 1er Kyu.
Ce qui n'est pas le cas pour les "arts martiaux" où ce système kyu/dan n'a aucun sens. Car dans un art comme dans tous les arts, chacun étant différent, travaillant dans un cadre différent, avec des gens différents, où chaque maître à sa version de l’art, chacun pratique pour lui-même et son développement personnel. Surtout en aïkido où on n’entre jamais en conflit avec l’autre, c’est l’art de la non-opposition, de l’harmonie ; s’évaluer se comparer, se mesurer, à quelqu’un n’est donc ni plus ni moins qu’une forme de compétition ce qui est opposé à la philosophie et l’esprit de l’aïkido.
"Être cinquième dan de développement de soi-même ? " C’est juste de la bêtise, de l'ignorance …
Le fondateur du judo a voulu inventer un sport et le système de mesure qui allait avec. C'est une réussite, il a parfaitement rempli son objectif. Quelque temps avant de mourir il s'est toutefois inquiété des dérives sportives qui dénaturaient son œuvre.
Ce qui est un comble, et la démonstration que le sport dénature et détruit tout, même ce qui est inventé pour être un sport.
Les nouveaux sports, notamment les sports extrêmes, veulent échapper à cette administration du sport par les États.
Ils ont compris qu’une administration les rendrait inintéressants et sans âme. On ne peut pas demander à une administration sportive d'avoir une âme.
Le sport est basé sur la quantité le mesurable pas sur la qualité
La qualité de la pratique sportive n’a aucun intérêt, ce qui compte c’est le résultat.
Le sport en tant que pratique n'a aucun intérêt.
Il n'intéresse pas ses pratiquants car une norme est figée et irréelle.
Il n'est rien de plus pauvre qu'une norme. Dans la pratique d'un art c'est exactement l'inverse.